« J’espère que les gens seront plus sensibles à la beauté » (Le Figaro)

LA FRANCE D’APRÈS – Tous les jours, Le Figaro interroge une personnalité sur la façon dont elle envisage l’après coronavirus. Pour l’artiste, le confinement «est une période de recueillement».

Arielle Dombasle par Thierry Humbert et Carole Mathieu Castelli

LE FIGARO. – Le premier ministre Édouard Philippe a dit que cette crise allait révéler ce que «l’humanité a de plus beau et de plus sombre». Qu’avez-vous vu pour l’heure ?

ARIELLE DOMBASLE. – J’ai vu de la solidarité. Cela me fait bondir de joie. Les gens se reconnaissent dans l’autre, en ont le souci. C’est un sentiment extraordinaire. Avec cet enfermement très surréel, nous sommes tous devenus des soldats face à un ennemi commun : le virus. Cette solidarité nous conduit à écouter notre gouvernement, le corps médical, même si les consignes sont parfois contradictoires. Les plus rebelles, dont je fais partie, se plient à cette sagesse pour ne pas mettre les autres en danger.

Il faut rester vigilants. Cet enfermement, cet arrêt de l’économie engendre aussi tellement de misère, de pauvreté. Des gens vont souffrir terriblement de l’arrêt du commerce, du travail. C’est dramatique.

Qu’est-ce que les Français vont apprendre de cette épreuve de confinement ?

Elle nous apprend à quel point nous avons besoin des autres. Le sens de la vie, c’est l’amour et l’amitié. Ce qui est intéressant, dans l’existence, ce sont les rencontres. Mais il ne faut surtout pas oublier que beaucoup de gens sont confinés seuls. C’est d’une violence extrême. Il y a des gens qui se sentent si mal qu’ils n’osent même plus faire signe.

J’espère également que les gens seront plus sensibles à la nature, à la beauté des paysages, à la beauté tout court. Tout à coup, on entend chanter les oiseaux, alors qu’on les avait oubliés ou massacrés. Il faut que notre planète soit préservée. Cela me tient très à cœur. Je suis une contemplative. Je mène depuis plusieurs étés une campagne de ramassage des plastiques, «Pick Up the Plastic». C’est un geste simple que tout le monde peut faire. Si Andersen avait vécu à notre époque, la petite sirène serait morte étouffée par le plastique dans l’océan. Sur ce sujet, Nicolas Ker a composé le titre We bleed for the ocean (Nous saignons pour l’océan, NDLR) dans mon dernier album.

Qu’avez-vous appris sur vous ?

Je suis la même. Je n’ai pas découvert quelqu’un qui m’est étranger durant ce confinement. Je suis une artiste. Nous sommes des gens un peu à part. Les questions existentielles, nous les abordons tout le temps. En tant que catholique, je prends ce confinement comme une sorte de grand carême, une période de recueillement.

Vous continuez à travailler ?

Je continue à faire de la musique, bien sûr. La sortie de mon dernier album, Empire , a été reportée (il sortira le 19 juin, NDLR) . Les gens ont reçu le premier single, Just come back alive , comme quelque chose de très prophétique. C’est la prière que nous faisons tous envers ceux que l’on aime et les êtres humains en général. Là, nous sortons le deuxième single, Grand Hôtel . C’est une métaphore du cosmos, qui nous abrite tous.

Quelle sera la première chose que vous ferez, une fois venu «le monde d’après» ?

Je vais courir dans les parcs et jardins parisiens, pour ne pas rater complètement le printemps, avec cette jouissance de la liberté. Et ensuite je vais aller embrasser tous ceux que j’aime.

Craignez-vous d’attraper le Covid-19 ?

Non, pas du tout. Je fais attention comme la plupart des gens. Mais nous sommes tous mortels. La mort peut s’introduire de n’importe quelle façon dans notre existence.

Sortie du nouvel album Empire , d’Arielle Dombasle et de Nicolas Ker le 19 juin.
Sortie du single Le Grand Hôtel le 24 avril.