Arielle Dombasle, lectrice passionnée (Actu J)

Invitée par Laurence Delamare, la directrice de la librairie parisienne 7L, qui abrite la bibliothèque Karl Lagerfeld, Arielle Dombasle nous exposa les livres qui ont accompagné sa vie. Elle s’y attela entourée des
33 000 ouvrages que constituent la bibliothèque du célèbre couturier et d’un public acquis parmi lequel siégeaient les acteurs Julie Depardieu, son mari Philippe Katerine et leurs enfants, Stanislas Merhar, les cinéastes Danielle Thompson, Romain Goupil, et François Margolin, les anciens ministres Roselyne Bachelot et Franck Riester, les essayistes Arthur Dreyfus et Nathan Devers qui lurent des extraits de textes
aimés de notre hôte, l’éditeur Olivier Orban, le journaliste Ariel Wizman, l’écrivain Jean- Paul Enthoven et bien sûr Bernard-Henri Lévy, époux de l’amoureuse des livres.

L’animatrice, avant de lui donner la parole, est revenue sur sa très belle carrière riche en concerts, d’albums, de livres, de films réalisés ou dans lesquels elle a incarné une multitude de personnages. Sa rencontre avec les contes de fées marque le commencement du plaisir des textes grâce à Man’ha, sa
grand-mère maternelle, femme d’ambassadeur qui la fit entrer dans la littérature. Elle se les remémore, de Perrault à Andersen, avec leurs passages souvent évocateurs de la mort, « sujet traumatisant pour un enfant », souligne-t-elle. Et ajoute qu’ils apprennent aussi la vie. Grandir dans un milieu brillant par l’entourage de ses parents l’a ouverte à différentes civilisations.
Baignant dans une éducation hispano-américaine, l’artiste s’est nourrie de la littérature de ses deux cultures. Arielle Dombasle égrène les noms des œuvres (Baudelaire, Rimbaud, Borges, André Breton, Bergson, Nerval, Lord Byron…), trouvant dans chacune un apport enrichissant.
Le roman Cent ans de solitude de Gabriel García Márquez représente un livre mythique. La femme de Bernard-Henri Lévy salue aussi les livres où s’exprime son catholicisme, «trait de son identité», insiste-t-elle. Pour éclairer l’éclectisme qui la construit, elle précise que la danse classique y tient une place importante. Et bien sûr le cinéma et sa rencontre avec Éric Rohmer, profitant du sujet pour revenir à la littérature si essentielle, en lien avec cet art de l’image qui la fit aimer Molière et en particulier Le Misanthrope. L’actrice cite son travail avec Alain Robbe-Grillet, cinéaste, mais aussi auteur, dont l’admiratrice savoure la plume dans le Nouveau Roman. D’avoir été une de ses créatures à l’écran la rend heureuse. Tout comme avec Raoul Ruiz évidemment, la comédienne ayant rayonné dans plusieurs de ses films. En alternance sont lus des extraits de Confessions d’un mangeur d’opium de Thomas de
Quincey et de Fragments d’un discours amoureux de Roland Barthes. L’amoureuse éperdue de BHL décortique leur histoire, les yeux qu’elle posa un jour sur la vitrine d’une librairie et vu sa photo apposée pour la promotion de La Barbarie à visage humain. Séduite, la voilà qui se glisse à l’occasion d’une
signature: regards, coup de foudre, mariage. Autrice de plusieurs ouvrages, comédienne dans un impressionnant nombre de films et de pièces de théâtre, scénariste réalisatrice d’une dizaine de films, chanteuse pour une douzaine d’albums dont son dernier Iconics, occasion d’une riche rencontre
pour nous, afin de le présenter dans Actu J, l’artiste aux multiples talents nous offrit au moment du départ, Les Fleurs du mal de Charles Baudelaire et Images de sa grand-mère Man’ha Garreau-Dombasle. Tout un programme… qu’elle défend si bien… après avoir projeté ce soir-là son film Opium dédié à Jean Cocteau… autre écrivain.

Arielle et La Fontaine

Au cœur des Champs Élysées, la Cité Immersive des Fables vient d’ouvrir et nous livre une présentation
de l’œuvre de Jean de La Fontaine (1621-1695) dans le cadre d’une somptueuse et inventive scénographie. À la fois ludique et pédagogique, une succession de salles thématiques sur un
animal nous plonge dans l’univers de l’auteur, chacune y intégrant une saynète en vidéo dans laquelle de grands acteurs narrent avec une fluidité époustouflante les écrits du maître des lieux : Laurent Stocker
en La Fontaine, Arielle Dombasle en loup espiègle, Charles Berling en renard audacieux…
En fin de parcours, un spectaculaire vidéo mapping de 360° nous cueille. Des tout-petits aux ados des jeux sont adaptés, pour les plus grands, un jukebox propose aussi bien Brassens qu’IAM qui entonnent des fables.
Le côté festif n’existe pas au détriment de la rigueur scientifique ou des bornes d’écoute ou de visionnage de contenus historiques. On s’amuse en s’instruisant.
Sur un dédale de 1000 m², le visiteur se rend compte que parmi les 240 fables que l’on croit connaître, et malgré leur morale percutante, nombreuses sont celles à découvrir.
Tout comme les références à la vie et à la personnalité de Jean de La Fontaine subtilement distillées. L’intégration dans un original concept de musée traditionnel et d’univers du loisir avec différents niveaux de lecture est parfaitement réussie.

En Aparté : Arielle Dombasle

Arielle Dombasle était l’invitée de Nathalie Lévy dans l’émission « En Aparté » pour la sortie au cinéma du film « Les Secrets de la princesse de Cadignan » (actuellement au cinéma).

Retour sur la carrière d’Arielle Dombasle dans l’émission « En Aparté » où l’émotion est au rendez-vous.

« Les Secrets de la princesse de Cadignan », actuellement au cinéma.

Les états d’art d’Arielle Dombasle (Point de Vue)

L’insaisissable artiste présente Empire, nouvel album électro-pop-rock en duo avec le chanteur et compositeur Nicolas Ker. D’ici sa sortie le 19 juin, les singles Just Come Back Alive et Le Grand Hôtel révèlent une Arielle prophétique et mystérieuse. Elle se mue en exquise créature dans Le Chant des sirènes, un plaidoyer pour les océans en soutien à la fondation Nicolas Hulot.

Portrait d'Arielle Dombasle par David Atlan

David Bowie, The Cure, Joy Division et surtout Nick Cave ont inspiré Empire, notre nouvel album. J’ai la chance de me situer à un carrefour de musiques très vaste. Mes parents étaient très mélomanes : de Nat King Cole, Frank Sinatra ou Charlie Parker à Ravel, Purcell ou Bach. J’écoute constamment de la musique relativement à mes projets. Quand j’ai fait Amor Amor, j’ai repris tous les boléros, calypsos, rumbas… Les pépites de mon enfance passée au Mexique. J’ai pratiqué aussi l’art du bel canto, rendu hommage aux « American golden years »…

J’ai toujours été écolo, et la pollution des mers me révolte particulièrement. Nager est l’une des constantes de ma vie. J’ai remarqué à quel point l’écosystème marin se détériore et j’ai voulu faire un plaidoyer pour les océans. Le Chant des sirènes (We bleed for the ocean) est une chanson doublée d’un petit film porteur de ce message : « pick up the plastic ». En effectuant ce simple geste de ramasser les déchets, on répare le monde à notre mesure. Et pour chaque album d’Empire vendu, un euro sera reversé à la fondation Nicolas Hulot.

La danse classique apprend à vous situer dans le temps et le mouvement. J’en ai fait dix-huit ans. J’ai été l’élève de Rosella Hightower et ma mère, celle d’Isadora Duncan. Une de mes grandes révélations fut le chorégraphe William Forsythe. J’aime en lui le côté tribal, cette imagination esthétique extrêmement précieuse et baroque à la fois. Je suis également fan des comédies musicales de l’âge d’or américain, Chantons sous la pluie de Stanley Donen ou Les Chaussons rouges de Michael Powell. Ginger Rogers, Cyd Charisse et Fred Astaire étaient sublimes, et Gene Kelly inventait une manière nouvelle de danser le réel.

Le churrigueresque, c’est le baroque ultime. Ce style m’a énormément imprégnée lorsque j’allais à l’église au Mexique. L’architecture du Grand Siècle français est aussi un sommet de beauté. J’adore les musées intimistes comme celui de Gustave Moreau à Paris. Tout est merveilleux dans l’uni- vers de ce symboliste. Je retournerai aussi dès que possible au musée Cernuschi pour découvrir ses nouvelles salles. J’ai des objets provenant des collections de mon grand-père, qui fut consul de France aux Indes dans les années 1920. Ce sont autant d’appels à la rêverie.

Ma grand-mère, Man’ha Garreau-Dombasle, était une poétesse étonnante, dans sa vie d’intellectuelle et de grande voyageuse. Son recueil Images, comme ceux de Rimbaud ou Baudelaire, compte parmi mes livres de chevet. J’aime aussi le romantisme noir chez Oscar Wilde, dont je rêve de mettre en scène la pièce Salomé. Les écrits libertins me plaisent également comme Point de lendemain de Vivant Denon, la littérature des femmes des XVIIe et XVIIIe siècles, Madame de Sévigné ou Julie de Lespinasse, et celles des grandes mystiques, Juana Inés de la Cruz ou Hildegarde de Bingen. Du côté américain, j’adore la « musique » de Fitzgerald, la lucidité blessée de Philip Roth ou la modernité rafraîchissante de Bret Easton Ellis.

Je ne suis pas une fashion victim. Oscar Wilde  disait : « Rien n’est plus dangereux que d’être trop moderne, on risque de devenir soudain ultra-démodé. » En 2012, pour mon show Diva Latina au théâtre du Châtelet, Jean Paul Gaultier m’a habillée. Il était si difficile de se changer à toute allure, mais quel plaisir d’être magnifiée par cet enfant terrible de la mode ! Pour La Belle et la Toute Petite Bête, à l’Opéra- Comique en 2003, mon grand ami Vincent Darré m’a fait des costumes en plexiglas à la Matthew Barney. Extraordinaire… comme toutes mes aventures avec lui, au Crazy Horse ou dans mon film Opium.

Michel Fau est sublime en diva capricieuse. Il est pour moi le plus grand comédien et metteur en scène contemporain. Son opéra-ballet Le Postillon de Longjumeau était remarquable par sa puissance scénique. Il m’a fait la grâce de jouer dans Alien Crystal Palace, un thriller gothique évoquant le mythe de l’androgyne relaté dans Le Banquet de Platon. C’est mon dernier film, co-écrit avec Nicolas Ker. Le réalisateur Dario Argento a été l’une de nos grandes inspirations. C’est en hommage que sa fille Asia Argento y joue également. Je suis aussi très influencée par Friedrich Murnau, Carl Dreyer, et par Jean Cocteau, Luis Buñuel, Stanley Kubrick ou David Lynch. J’ai commencé à réaliser des films dès l’âge de 22 ans. C’est mon jardin secret, ma liberté.

Empire, par Arielle Dombasle, Nicolas Ker et leur groupe The Wild, chez Barclay/Universal le 19 juin.

Biographie

Cantatrice, muse, actrice, cinéaste, réalisatrice de nombreux films et vidéo-clips, Arielle Dombasle est une artiste polyvalente. De parents français, née dans le Connecticut, aux États-Unis, elle grandit au Mexique.

Cette culture cosmopolite donnera naissance – en musique aussi – à un art métissé et classique, à des albums pop, rock et lyriques. Elle donnera de nombreux concerts à travers le monde. Avec plus de 25 singles et 10 albums, c’est à travers le temps que l’on perçoit la richesse de son travail.

Arielle Dombasle chante Amor Amor en 2004

Arielle Dombasle s’illustre également dans ses collaborations avec de nombreux grands réalisateurs : Eric Rohmer, Raoul Ruiz, Werner Schroeter, Alain Robbe-Grillet, Roman Polanski ou John Malkovich…

Figure underground et populaire quand elle joue dans Un Indien dans la Ville, Miami Vice, au Crazy Horse ou à l’Opéra-Comique avec Jérôme Savary. Arielle Dombasle est « une enfant de Cocteau ». Ancienne élève du Conservatoire, elle sera aussi l’égérie de grands couturiers, Jean-Paul Gaultier, John Galliano, ou Yves Saint Laurent qui dira d’elle qu’elle est la parfaite « Blonde Vénus ».

Arielle Dombasle au Crazy Horse en 2007

En 2024, elle revient avec un nouvel album « Iconics » : un florilège de titres légendaires, d’artistes féminines qui ont marqués l’histoire de la musique.