Après l’électro ou les musique latines, la plus sympathique de nos divas s’attaque au rockabilly. Un disque délirant… à l’image de la dame.
Arielle Dombasle souffre d’une étrange maladie : la schizophrénie musicale. A chaque enregistrement, elle aborde un genre différent qui a peu à voir avec le précédent. C’est ainsi qu’on l’a connue diva latina, cantatrice classique versant dans l’électro, torch singer, extraterrestre imaginée par Philippe Katerine. La voilà qui revient en chanteuse rockabilly entre Wanda Jackson et « Annie du Far West ». « Il n’y a pas une logique dans mon chemin mais quelque chose qui va de soi, dit-elle. Je suis mes envies, je parcours des cosmos que j’aime et j’interprète ce que je veux. Ma voix est le trait d’union. J’ai appris l’opéra à cause de cette voix. La voix est comme un cheval fou qu’on réussit d’abord à dompter. Puis on lui apprend à faire des figures. Le rockabilly n’est pas une suite illogique car, dans mon précédent enregistrement, je chantais Nat King Cole. Ces deux périodes se touchent. Là, nous sommes dans les années 1950 et cela arrive juste après mes revisites des univers sud-américains des années 1930 et 1940. »
Et le plus remarquable, c’est qu’une fois encore elle aurait tout pour être ridicule mais ne l’est pas. Arielle Dombasle ressemble à un personnage de bande dessinée qui peut se permettre toutes les excentricités, taquiner toutes les outrances, prendre toutes les poses. « Je ne pense pas être dans l’outrance, estime-t-elle, j’essaie de rentrer dans un univers avec des points signifiants d’une époque mais en les réinvestissant d’une manière moderne. Ce n’est pas de la copie, c’est de l’évocation. Quand j’ai fait mon disque avec Philippe Katerine, j’ai décontenancé les gens, concède-t-elle. Mais c’était plus parce que, pour la première fois, je chantais en français. Je suis américaine, après tout, le français est ma deuxième langue. » Son nouvel album a été enregistré avec le Hillbilly Moon Explosion, un quartet suisse qui explore et ressuscite – entre les Stray Cats (mais en moins virtuose) et Wanda Jackson (mais en plus jeune) – cette musique, un mélange de rock’n’roll, de country, de boogie-woogie et de western swing, qui enflamma l’Amérique du début des fifties, avant qu’Elvis ne vienne tout balayer.
« Ma rencontre avec les Hillbilly est une continuité. Nous avons fait connaissance à un concert en Suisse, réalisé tout de suite que nous aimions les mêmes choses et c’est ainsi que ce projet est né il y a deux ans et demi. Je ne sais pas pourquoi on s’étonne de mon parcours. Les cantatrices passent constamment d’une époque à l’autre quand elles chantent Wagner un soir et Puccini la semaine suivante. Ce projet est un revival où tout est original (il n’y a qu’une reprise), ici pas de copier-coller ou de vêtement de récup. C’est du rockabilly revu par Tarantino. C’est aussi la musique des rebelles. » Quand l’aventure rockabilly sera terminée, Arielle s’attaquera au rock gothique. Avec un maquillage façon Siouxsie, et des piercings partout ? Du fun en perspective !