La chanteuse et comédienne de 59 ans a décidé de fouler le parquet de TF1 cet automne.
On parlait d’elle pour intégrer le jury de «Nouvelle Star»… Surprise, c’est dans «Danse avec les stars» qu’Arielle Dombasle fera sa rentrée. Du côté des candidats.
Un joli coup pour le concours de danse de TF1, qui l’avait sollicitée pour sa première édition en 2011 avant de retenter sa chance cette année. Et cette fois, la comédienne et chanteuse de 59 ans a dit oui. «C’est une récréation pleine de légèreté en même temps qu’un challenge athlétique, et ça m’amuse», nous confie l’épouse de Bernard-Henri Lévy, dans une interview exclusive à paraître ce jeudi dans Le Parisien.
Passionnée de danse et de cultures latines, l’ex-meneuse de revue du Crazy Horse, qui se définit comme «sportive», part plutôt bien armée vers le parquet de la Une. Avec le soutien de son mari («il m’a dit : si ça t’amuse, pourquoi pas ?») lequel ne devrait toutefois pas apparaître sur TF1 à ses côtés. «Bernard-Henri n’a d’ailleurs jamais regardé l’émission je crois… Mais justement, il faut toujours surprendre la personne qu’on aime.» Et ne pas s’inquiéter des critiques, qu’elles proviennent du jury («on passe sa vie à être jugé de toute façon») ou des téléspectateurs («le public a toujours été clément avec moi»).
Paris Match. On vous connaît comédienne, chanteuse, réalisatrice. Voici que vous lancez votre parfum, Le Secret d’Arielle, édité par Mauboussin et conçu exclusivement par vos soins… Arielle Dombasle. Oui, depuis près de vingt ans, je porte jour et nuit un mélange que je fais moi-même à base d’Aromatics Elixir, d’une note de Cuir de Russie, petit suc que m’avait donné Karl Lagerfeld il y a des années, d’iris ambré et d’une petite pointe d’un musc blanc, très rare. Tout le monde me disait : “Tu sens tellement bon ! J’adore ton parfum. Qu’est-ce que c’est ?” A quoi je répondais : “C’est mon secret, un savant mélange.” Je n’en changeais jamais car Bernard-Henri, mon fiancé d’époux, en était fou depuis toujours. L’idée m’est venue de créer vraiment sa formule, ce parfum visiblement addictif, ce philtre d’amour en quelque sorte, irrésistible comme dans le roman de Süskind.
Vous êtes donc allée à Grasse, une ville que vous connaissez bien… Oui, une ville qui a beaucoup compté pour moi dans une période très cruelle de ma vie. A la disparition de maman, quand j’avais seulement 12 ans, j’ai passé un an dans une école religieuse à Grasse où je cachais ma vie, mon passé au Mexique et surtout le fait que je n’avais plus de maman. Mes grands-parents avaient une propriété à Saint-Mathieu de Grasse. Je chéris une vision très précise des champs de jasmin et de roses blanches sur les collines qui entouraient la maison. Je revois cette petite jeune fille qui me fascinait en sillonnant les sentiers, les bras chargés de paniers de pétales, en petit short blanc. A l’époque, je me disais : “Quand je serai grande, je pourrai me parfumer et avoir accès au royaume de la volupté, de l’attirance et de la séduction” qu’évoquait le parfum pour moi, autant que l’envoûtement et la promesse du bonheur.
La séduction passe-t-elle nécessairement par le parfum ? Sans doute je me souviens du sillage magique qui entourait maman, et son rouge à lèvres, Bois de rose, de Dior. Jeune fille, maman a travaillé auprès de Mme Laura Bacon, une Américaine très élégante qui, à l’époque, dirigeait la communication de la maison Dior et qui était aussi ma marraine. Elle a habité le Ritz pendant trente ans, encore plus longtemps que Coco Chanel. M. Dior adorait ma mère. Il trouvait qu’elle avait les plus jolies jambes de Paris, et il l’emmenait régulièrement boire un chocolat chaud au Plaza. Il a également dessiné sa robe de mariée.
« Toute attraction physique commence toujours par des effluves, un vertige: le parfum »
Que voulez-vous dire par là ? Notre âme voyage… La volupté, les arrière-mondes… On capte quelque chose qui reste dans l’air, le sillage d’une femme, la peau de son amant, le début du plaisir. On s’enivre. On est emporté. L’imprégnation des tentures, des tissus, des soies, des moires et de certaines fourrures envoûte et transporte. Il me semble que je peux sortir mal coiffée, habillée n’importe comment, sans rouge à lèvres, mais jamais sans mon parfum ! Comme je n’ai jamais passé une seule nuit dans les bras de mon amour sans être parfumée.
Vous parlez du parfum comme de quelque chose de très mystique… Oui, entre ciel et terre… C’est une chose si précieuse ! Après tout, le premier présent offert par les Rois mages au Christ était déjà des parfums : de la myrrhe et de l’encens ! D’où l’aspect mystique et sacré. Un monde où l’on interdirait le parfum serait un enfer ! Les femmes possèdent une sorte d’innocence naturelle, mais il faut pouvoir déceler dans leur sillage la note animale qui sera attirante, ravageuse, irrésistible. Une femme est belle quand elle sent un regard amoureux posé sur elle.
« J’ai toujours placé l’amour aux postes de commande de la vie, au-delà de tout »
Arielle Dombasle
A en croire votre allure éternellement juvénile, le regard posé sur vous doit être extrêmement amoureux ! Vous croyez ? [Rires.] J’ai toujours placé l’amour aux postes de commande de la vie, au-delà de tout. Carrière, gloire, puissance. Le suc de ma vie est l’amour. Une femme doit rester inspirante. Etonner, éblouir, ne pas se plaindre et tenir ses promesses. Volupté et douceur.
Cela signifie-t-il que, lorsque vous avez du chagrin, vous arrivez à faire bonne figure ? J’aime le mystère, la délicatesse. Je ne montre jamais mes démons, les passions destructives que nous possédons tous, hélas… Il faut éviter d’être comme ces héroïnes qui entrent dans la jouissance de détruire. Ou de se sacrifier jusqu’à la mort. Tel fut, hélas, le destin de ma mère qui, victime d’un romantisme excessif, est morte d’amour à 32 ans. Je veux vivre sa vie, venger sa mort, et faire une ode à la féminité. Je refuse de plonger dans les passions tristes et l’absolue destruction.
Auriez-vous une recette miracle pour surmonter les épreuves ? En cas de chagrin abyssal, il faut toujours se dire qu’il y a une autre issue que la mort. Penser que l’on peut apporter à l’autre, à l’être aimé, quelque chose que vous seule pouvez lui donner… Un bonheur, des plaisirs complexes, une joie dont vous seule avez la clé… Et puis, générosité, douceur et tact : “Après vous, je vous prie.” Avoir recours au secret, au silence aussi… Car les mots peuvent tuer.
Ce qui fait que vous ne vous confiez à personne, pas même à votre meilleure amie ? Non, à personne. Je ne me confie jamais. Je ne me plains jamais. Je suis d’une nature secrète et, seule, j’essaie d’amadouer mes démons.
Un comportement qui nécessite une très grande maîtrise… J’essaie, à ma mesure, de contrôler mes colères ou mes emportements car je sais que mes démons pourraient m’emmener trop loin et faire de moi une meurtrière. Tuer ou se tuer par amour… Une grande tentation romantique que je porte en moi, c’est vrai.
Votre force de caractère semble immense, à l’opposé de l’apparente fragilité de votre physique. Fragile… oui. Funambule, plutôt. Mais aussi un vrai petit soldat.
Après l’électro ou les musique latines, la plus sympathique de nos divas s’attaque au rockabilly. Un disque délirant… à l’image de la dame.
Arielle Dombasle souffre d’une étrange maladie : la schizophrénie musicale. A chaque enregistrement, elle aborde un genre différent qui a peu à voir avec le précédent. C’est ainsi qu’on l’a connue diva latina, cantatrice classique versant dans l’électro, torch singer, extraterrestre imaginée par Philippe Katerine. La voilà qui revient en chanteuse rockabilly entre Wanda Jackson et « Annie du Far West ». « Il n’y a pas une logique dans mon chemin mais quelque chose qui va de soi, dit-elle. Je suis mes envies, je parcours des cosmos que j’aime et j’interprète ce que je veux. Ma voix est le trait d’union. J’ai appris l’opéra à cause de cette voix. La voix est comme un cheval fou qu’on réussit d’abord à dompter. Puis on lui apprend à faire des figures. Le rockabilly n’est pas une suite illogique car, dans mon précédent enregistrement, je chantais Nat King Cole. Ces deux périodes se touchent. Là, nous sommes dans les années 1950 et cela arrive juste après mes revisites des univers sud-américains des années 1930 et 1940. »
Et le plus remarquable, c’est qu’une fois encore elle aurait tout pour être ridicule mais ne l’est pas. Arielle Dombasle ressemble à un personnage de bande dessinée qui peut se permettre toutes les excentricités, taquiner toutes les outrances, prendre toutes les poses. « Je ne pense pas être dans l’outrance, estime-t-elle, j’essaie de rentrer dans un univers avec des points signifiants d’une époque mais en les réinvestissant d’une manière moderne. Ce n’est pas de la copie, c’est de l’évocation. Quand j’ai fait mon disque avec Philippe Katerine, j’ai décontenancé les gens, concède-t-elle. Mais c’était plus parce que, pour la première fois, je chantais en français. Je suis américaine, après tout, le français est ma deuxième langue. » Son nouvel album a été enregistré avec le Hillbilly Moon Explosion, un quartet suisse qui explore et ressuscite – entre les Stray Cats (mais en moins virtuose) et Wanda Jackson (mais en plus jeune) – cette musique, un mélange de rock’n’roll, de country, de boogie-woogie et de western swing, qui enflamma l’Amérique du début des fifties, avant qu’Elvis ne vienne tout balayer.
« Ma rencontre avec les Hillbilly est une continuité. Nous avons fait connaissance à un concert en Suisse, réalisé tout de suite que nous aimions les mêmes choses et c’est ainsi que ce projet est né il y a deux ans et demi. Je ne sais pas pourquoi on s’étonne de mon parcours. Les cantatrices passent constamment d’une époque à l’autre quand elles chantent Wagner un soir et Puccini la semaine suivante. Ce projet est un revival où tout est original (il n’y a qu’une reprise), ici pas de copier-coller ou de vêtement de récup. C’est du rockabilly revu par Tarantino. C’est aussi la musique des rebelles. » Quand l’aventure rockabilly sera terminée, Arielle s’attaquera au rock gothique. Avec un maquillage façon Siouxsie, et des piercings partout ? Du fun en perspective !